Cambodge

 

22 décembre 2009, nous survolons le plus grand lac du Cambodge, le Tonlé Sap avant d’atterrir à Siem Reap. Il est si grand et la décrue n’étant pas finie, on pourrait croire qu’il s’agit de la mer. Il est 7h20 est il fait une température un peu fraîche, juste ce qu’il faut ! Nous pénétrons dans l’aéroport et effectuons les formalités pour le visa. Apparemment très peu de personne arrive avec le visa en poche. En même temps, c’est si rapide…A la sortie, nous prenons à tuk-tuk et nous voilà sur la route. Les gens nous sourient, les enfants nous font coucou de la main, déjà, nous sommes sous le charme du Cambodge ; c’est sûr, cela va nous plaire…

Nous profitons de 3 jours plein pour visiter les temples d’Angkor. Le site très étendue mérite bien cela pour en faire le tour. Et encore, nous n’avons pas tout vu ! Les sites ont été rénovés ou le sont encore. A bien des endroits la nature a repris ses droits depuis bien longtemps, il est donc difficile de rassembler les pierres. Pour certains, les arbres maintiennent le tout d’une façon incroyable. C’est dans un site précis des temples d’Angkor, empli de charme, que les films de « Tomb Raider » ou encore « les deux frères » ont été tourné. Des lieux extraordinaires chargés d’histoire et d’une beauté incroyable. Sur chaque site, des petits vendeurs de bracelets, de livres ou encore de boissons se ruent sur nous. Que cela soit à 6h pour le lever du soleil ou le soir pour le coucher du soleil, ils sont toujours là, à l’affût des touristes. Comme chacun, nous faisons le lever du soleil sur Angkor Wat. Tout le monde se pressent sur la route, chacun dans son tuk-tuk ou sur son vélo, emmitouflé car il ne fait vraiment pas chaud ! Arrivés devant le temple, c’est comme une exhorte, un défilé vers la lumière. Tout le monde se tient prêt pour capturer ce qui sera l’instant de chacun. Les appareils photo et les caméras sont en position. Et au moment tant attendu, chacun retient son souffle et clic, tous les appareils se déclenchent et ont suit peu à peu l’évolution du soleil qui se lève et qui nous réchauffe. Durant cette attente, nous faisons la connaissance de Pascale, Juliette et Thierry. Nous passons un bon moment avec eux à discuter de voyage forcément. Une fois un peu réchauffées, nous repartons avec notre tuk-tuk pour la visite. A chaque site, se sont un nombre incalculable de marches plus ou moins grandes à monter, à descendre, à escalader parfois au vu de la hauteur !
Si le site d’Angkor est une splendeur à découvrir, les villages flottants restent également un grand moment. Dans un premier temps, nous rejoignons en tuk-tuk de petits villages le long d’un chemin chaotique. Les maisons faites en bambou sont de simples paillotes montées sur pilotis en prévision de la montée des eaux. Dans un second temps, nous prenons une pirogue et naviguons à travers des chenaux  fluviaux ou nous croisons des pêcheurs. Arrivés à destination, nous voilà dans un village flottant ou vivent plus de 600 personnes. Nous visitons l’école où la maîtresse à plus de 60 élèves. Nous sommes accueillis par un bonjour acclamés par les enfants. Là, nous leur offrons à chacun des livres d’écriture et c’est avec un joyeux merci que nous sommes remerciées par les enfants et la maîtresse. Moment fort mais aussi difficile, bien que nous n’ayons pas l’impression qu’ils sont malheureux. Nous parcourons le village où déchets jonchent le sol comme les crevettes en train de sécher au soleil. Les enfants souvent vêtus d’habits sales ou alors dénudés jouent dans le sable ou encore avec des boîtes de conserves ou de simples sacs en plastique. Chacun à toutefois le sourire et nous salue de la main. Sur le chemin du retour, nous passons dans un pensionnat. Notre chauffeur de tuk-tuk nous explique que lui et ses 4 frères sont orphelins. 3 d’entres eux, mineurs, sont encore dans un pensionnat où ils sont nourris et auront une formation de mécanicien sur tuk-tuk tout comme le frère aîné. Thanh, notre chauffeur nous explique qu’une partie de son salaire part pour le pensionnat ainsi que celui de son frère aîné qui est mécanicien. Actuellement employé par notre guest-house, son rêve est de posséder son propre tuk-tuk afin de gagner plus et aider ses frères. Pour nous montrer la pauvreté des gens de Siem Reap, il nous emmène également voir son oncle vivant à quelques kilomètres de la ville. Là, nous découvrons une petite communauté vivant dans de petites cahutes en paille d’une seule pièce. Les déchets là encore jonchent le sol tout autour des maisons. Son oncle est vendeur de pastèques au marché le matin puis le reste de la journée, il la passe à la maison. La principale nourriture de ces gens reste le riz qui est une denrée essentielle dans leur culture et surtout nourrissante. Le soir venu, notre chauffeur décide de nous faire voir la fête foraine locale. Aux abords de la fête, le long de la route, d’innombrables petites roulottes de nourriture. Des brochettes de viande aux burgers chinois ou encore aux soupes de nouilles, il y a le choix. Nous entrons dans la fête. Certes, ce n’est pas vraiment la fête que l’on pourrait imaginer chez nous. Il y a deux attractions pour les enfants. Les attractions pour les adultes sont des jeux de fléchettes. Il faut percer des ballons pour gagner un prix. Là encore les prix ne sont pas les mêmes que chez nous. On pourrait s’attendre à gagner des peluches ou autres jouets mais là, se sont des aliments comme de l’huile, du riz, de la sauce soja ou encore des ustensiles de cuisine, des bassines bref du tout-ménage. Là encore nous pouvons nous poser la question sur les besoins.

 

 

 

29 décembre 2009, nous quittons avec une petite pointe de nostalgie Siem Reap que nous avons littéralement adoré. Nous prenons place dans le bus et parvenons après 6 heures de route chaotique dans la capitale, du moins à l’entrée. Nous prenons ensuite un tuk-tuk, passons le pont japonais et entrons dans cette ville qui grouille. Juste à l’entrée du pont  nous voyons des bidonvilles, des gens pauvres et vivant dans de simples cahutes. Peu après, nous entrons dans un monde bien plus luxueux avec de magnifiques demeures, des Lexus à perte de vue qui  nous dépassent, sans compter les innombrables scooters. Il fait moins chaud qu’à Siem Reap mais l’air est plus difficile au vu de la pollution sans oublier les klaxons à n’en plus finir. Les deux guest houses que nous avions plus ou moins prévues sont complètes à notre plus grand désespoir. Nous qui voulions une petite guest house sympa avec peu de chambres, nous nous retrouvons dans une industrie et bien plus chère qu’à Siem Reap et en plus le personnel y est antipathique, bref nous sommes ravies ! La nuit, le quartier n’est pas bruyant mais il faut prévoir de se lever tôt car à 6h du matin, les activités de la rue commencent. Nous démarrons la journée par « the Killing Fields » qui se trouvent à 15 km au sud-ouest de Phnom Penh. Nous découvrons le monument érigé par le gouvernement suite aux macabres découvertes faites dans le camp d’extermination de Choeung Ek. Dans ce monument, d’innombrables crânes humains sont exposés ainsi que des guenilles pour que nous n’oubliions pas ce qu’a été le régime de Pol Pot. Tous les opposants supposés au régime, pour n’importe quel motif, valable ou non, sans distinction d’âge : femmes, enfants et parfois même des familles entières,  que cela soit des paysans, des cadres, des enseignants, des ministres cambodgiens ou des étrangers, ont été emprisonnés et torturés à Tuol Sleng, puis exterminés ici. 129 charniers ont été découverts sur le site mais seuls 86 ont été fouillés ce qui représentent 8'985 squelettes. Un reportage vidéo montre cette découverte sinistre, la fin d’un régime pour tout le monde, la fin d’un calvaire qui a duré de 1975 à 1979, des témoignages de Cambodgiens ayant perdus leur famille entière. Si nous ressortons choquées par cela, la visite suivante, la prison S-21 (baptisée ainsi par les hommes de Pol Pot) nous réserve des émotions encore plus marquantes. Là, nous découvrons toutes les tortures qu’on subit plus de 35'000 personnes, dont 20'000 enfants ! C’est le 17 avril 1975, que cet ancien lycée est transformé en salles de tortures, en cellules individuelles faites de briques ou de bois ou encore en cellules communes. On y découvre les visages d’enfants, de femmes et d’hommes pris en photo avant leurs tortures et à leur mort. Ce lieu est rempli d’horreur, de cris, de douleurs, le tout devenu silencieux mais qui laisse un goût amer. Mais si sa visite est cauchemardesque, cela reste néanmoins indispensable pour le peuple cambodgien afin que l’on puisse saisir toute l’ampleur du traumatisme subi et surtout ne pas oublier.
A peine sorties, des mutilés attendent, faisant la manche. Un bras en moins, une jambe ou encore un œil sacrifié. Il est si difficile de leur refuser… Pourtant, dehors la vie reprend. Le Cambodge se relève peu à peu mais ce peuple reste souriant. Malgré les horreurs vécues, malgré les mines anti-personnelles encore présentes dans le pays, ces gens vivent et sourient à la vie. Certes les visites des temples qui succèdent sont bien moins prenantes ! Nous terminons la journée par le stade olympique que Thierry et sa famille nous ont conseillé. Nous découvrons un stade rempli de Cambodgiens emprunt à un mouvement de masse faisant du jogging ou encore de l’aérobic. Que cela soit en groupe ou individuellement, tout le monde fait du sport. A l’extérieur, les footballeurs ont délimité des petites surfaces de jeux afin de s’entraîner. La journée a été harassante et nous rentrons à la guest house; à la fois écœurées par le passé et incroyablement surprises par la renaissance de ce peuple. Néanmoins, la corruption est monnaie courante ici d’après un expatrié. Si les rues de Phnom Penh ont été vidées durant le régime en envoyant le peuple dans les campagnes ou simplement en les exterminant, aujourd’hui, les habitants sont pour la plupart de mauvaises personnes qui probablement travaillaient sous le régime de Pol Pot et qui ont pris possession de la ville, pillant les maisons abandonnées et en en prenant possession !

 

 

 

La fin de l’année est là. Nous sommes loin de nos familles,  mais pour la fêter dignement, nous nous offrons le petit luxe de le passer à l’hôtel Cambodiana. Endroit où le roi loge ses invités de marques. Donc c’est avec un tapis rouge avec de splendides rubans blancs que nous sommes accueillies dans le hall d’entrée. Nous prenons place ensuite au bord du Mékong où nous dégustons un splendide buffet, fait de crabes, d’huîtres, de saumon, de vache à la broche, de crudités et d’un superbe buffet de desserts à en perdre la tête ! Et au moment venu, l’heure du décompte arrive et c’est sous les feux d’artifice que nous entamons cette nouvelle année 2010 et profitons aussi de vous souhaiter une très bonne année !

Pour bien débuter ce mois de janvier, nous trouvons une petite guest house française. Là, nous sommes accueillies par Aurore et sa maman Marie-Laure. Grâce à elles, nous redécouvrons la cuisine française et les plaisirs de la table qui nous manquent tant. Nous devions y rester que quelques jours mais c’est finalement presque deux semaines que nous passons ici. Il faut dire que grâce à elles ainsi qu’à Roger, François, Jean-Pierre et les autres, nous avons eu cette sensation de retrouver des amis et de faire partie momentanément de la grande famille des expatriés. Alors merci à vous de nous avoir invitées, d’avoir passé ensemble quelques soirées mémorables et de nous avoir fait partager votre quotidien. C’est avec un pincement au cœur que nous quittons nos nouveaux amis, pour nous diriger en direction de Stung Treng. Heureusement les voyages sont fait de rencontres. Si Stung Treng n’a rien de vraiment exaltant car c’est une petite ville sans grand intérêt, nous y rencontrons tout de même la famille Lotus. Christine, Jérôme et leurs 2 enfants Loan et Tuan ont quitté la France pour passer une année en Asie du sud-ouest. C’est au départ du bus de Stung Treng pour le Laos que nous rencontrons également Marianne et Paul. Couple Franco-américain haut en couleurs ! Une fois arrivés à la frontière, ce sont deux petites cahutes qui nous accueillent. Comme à l’accoutumée, un petit dollar est demandé pour le tampon et comme d’habitude rien n’est officiel. Donc…on ne paie pas et on passe quand même !

En Bref, le Cambodge c’est…

Un peuple meurtri par le régime de Pol Pot, une pauvreté extrême, des gens souriants et adorables et ce malgré une histoire lourde à porter, des temples extraordinaires et des rencontres sympathiques avec les expatriés. Le Cambodge est pour nous notre coup de cœur asiatique.

Suite de notre périple : Laos

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