Panama

 

En entrant au Panama, nous avons un objectif espéré avoir le cargo du 12 mars. C'est pourquoi, nous traversons rapidement ce pays. Dès le passage en douane, nous sommes à nouveau confrontées aux manques de panneaux de signalisation. Heureusement les gens sont très serviables et nous indiquent volontiers le chemin. Partout où nous passons, les gens nous saluent et nous font de grands signes, heureux de nous voir. Pour rejoindre la côte Pacifique, nous traversons la Cordillère Centrale. Comme précédemment sous une pluie battante. Nous avons droit à des glissements de terrain qui rend la route périlleuse et quasi impraticable. Mais un peu d'adrénaline cela fait toujours du bien! Nous en avons eu d'ailleurs beaucoup lorsque sur la route, nous voyons une chose quelque peu insolite...un paresseux tentant la traversée de la chaussée! Nous nous arrêtons immédiatement afin de le mettre de côté et faire par la même occasion de belles photos. Moment exceptionnel et rare, empreint d'émotions. Surtout que ces animaux restent généralement dans leurs arbres.

Après la Cordillère, nous avons droit à un magnifique soleil et une température redevenue normale. Ouf, car après les 15° de la montagne, nous avons eu froid. Nous ne sommes plus habituées aux températures si fraîches! Du coup, avec cette chaleur nous nous dirigeons tout droit au bord de la mer. Nous trouvons un endroit paradisiaque où passer la nuit. Las Lajas est un petit village de vacances et nous trouvons un terrain vague à proximité de la plage, ce qui nous convient bien. Une plage gigantesque bordée de palmiers où seul le bruit des vagues se fait entendre. Nous aurons beaucoup de peine à quitter cet endroit tellement nous nous y sentons bien. Mais voilà, il faut arriver impérativement à Panama City dimanche soir. Sur la route de la capitale, nous subissons un contrôle de police. Le policier nous demande nos papiers pour nous dire ensuite que nous roulions soit disant trop vite. Un panneau indiquant 30 à l'heure serait à l'entrée du village. Nous sommes surprises car nous n'avons rien vu. Une de nous décide d'aller voir le fameux panneau alors que l'autre suit le policier au poste. Evidemment il n'y a pas de panneau, le policier n'a pas de radar, il juge à l'oeil. Et quel oeil!! A ce moment-là, deux camions passent à vive allure. Et eux alors?! Evidemment ils ne roulent pas vite, ben tiens! Peu après, il sort son carnet d'amende. Il nous indique que l'amende pour excès de vitesse se monte à 50 USD et que nous avons franchi la ligne de sécurité, montant 20 USD. Et hop, une chose de plus. Lorsque nous lui reparlons de la vitesse, elle est d'abord de 45km/h puis il descend jusqu'à 30! C'est le pompon! Nous reprenons nos papiers, lui disons que c'est une arnaque et lui souhaitons une bonne journée! Non mais! Monsieur voulait juste se faire un deuxième salaire en arrêtant des touristes. Il faut savoir que le salaire moyen d'un policier au Panama est de l'ordre de 150 USD. Autant dire qu'il aurait fait la fête avec nos dollars!

 

 

Panama City, capitale du pays, centre des affaires et plaque tournante mondiale avec son canal. Nous nous attendions certes à une ville envahie par les buildings mais nous sommes toutefois surprises de voir que cette cité ressemble à un gruyère. Des travaux de construction partout! Le temps c'est de l'argent alors autant construire tout en une fois. Le bord de mer est un immense chantier. Par contre, cela devrait être intéressant de voir le résultat final. Ils se donnent les moyens. A Panama le problème majeur pour nous étant de trouver un endroit sécurisé pour nos campers. Nous trouvons l'hôtel Miramar qui possède un parking sur front de mer. Nous demandons l'accord du gérant mais celui-ci refuse. Contre toute attente, une réceptionniste nous dit que nous pouvons malgré tout rester. Nous n'hésitons pas une seconde et parquons nos véhicules. Certes il y a des travaux mais comme nous allons passer la journée du lendemain chez Barwil, ce n'est pas un problème. Nous aurons tout de même un contrôle par le surveillant de nuit. N'ayant pas eu l'autorisation du manager de jour, nous faisons croire à la sécurité que celui-ci nous a autorisé de stationner. Evidemment l'agent n'étant pas au courant, suppose qu'il s'agit d'un oubli et ne peut que nous croire. Lundi 9 mars, dès la première heure nous voici dans les bureaux du transitaire Barwil. Nous rencontrons Evelyn Batista et nous annonce que le cargo part vendredi 13 au lieu du 12 et qu'il y a encore de la place. Ouf! Nous sommes soulagés de l'entendre. Nous négocions les tarifs au vu du prix de base exorbitant de 57 USD le m3. Nous n'arriverons malheureusement pas plus bas que 50 USD et ce n'est pas faute d'avoir essayé! Elle nous prévient que la paperasse est longue et qu'il faut s'armer de patience. Les prochains jours vont être pénibles. Nous passons la journée entre le transitaire et les banques car il faut payer cash et on ne peut retirer plus de 500 USD par jour! Que de complications pour rien!!Le deuxième jour se passera aux centres des inspections de la police. Nous arrivons tôt le matin bien qu'ils ne contrôlent les véhicules étrangers qu'à partir de 12h00. Ce n'est pas grave car nous avons ainsi le temps de laisser refroidir le moteur et de le nettoyer. A midi tapante nous sommes fin prêts mais ce n'était pas sans compter une erreur de la douane à notre arrivée dans le pays. Du coup, nous perdons une heure à retourner aux douanes pour refaire le document d'entrée, avec cette fois-ci les bons numéros de châssis. A notre retour au service des inspections, notre véhicule n'est même pas inspecté! Ils nous ont vus le nettoyer et pour eux, c'est suffisant. Ils contrôlent le numéro du châssis et les plaques. Nous attendrons tout de même 3h avant qu'ils délivrent le papier d'inspection. Ils nous accompagnent ensuite de l'autre côté de la route, dans un autre service de police et rebelote...nous attendons 1h30 pour l'autorisation de sortie. Une fois les papiers en main, nous nous précipitons chez Barwil afin d'établir les documents de transport et de payer le cargo. Comme il est impossible de voyager à bord de ce dernier, Evelyn nous réserve 4 places pour le vol de dimanche soir, pour Carthagène. Notre véhicule ne pourra de toute manière pas être repris avant lundi soir au plus tôt. Et oui, dans les ports, ils ne travaillent pas le dimanche!

Lors de notre visite aux bureaux de police, nous avons fait la connaissance d'un couple américano-australien. Elle, Australienne et enceinte de 7 mois, veut accoucher en Argentine. Durant toute la journée, c'est elle qui a tout fait, alors que lui dormait tranquillement dans leur camping-car! Nous les retrouvons le soir, sur un parking d'hôtel, proche du pont des Américains. Au cours d'une discussion, nous découvrons que lui est un fervent adepte de la boulette. Fumeur invétéré, il nous explique toutes sortes de façon de se "péter la tête"... même qu'il s'est approvisionné au Mexique et que soit disant, c'est la meilleure! Tout ceci nous inquiète un peu, car il possède encore passablement de marchandise et nous demande comment faire pour la passer en Colombie!!! A croire qu'un séjour en prison Colombienne ne lui fait pas peur! Nous passerons tout de même une partie de la soirée ensemble, mais avec la ferme intention de ne plus trop les côtoyés une fois arrivés au port d'embarcation, à Colón.

 

 

Sur la route de Colón, nous longeons le célèbre canal et nous arrêtons pour visiter les écluses de Miraflores. Nous passons près de 2h entre les expositions et le passage d'un cargo accompagné de trois catamarans. Moment récréatif avant d'attaquer les formalités de sortie du pays. Arrivés trop tard à Colon, nous y passerons la nuit, sur le parking sécurisé de l'hôtel Washington. Il vaut mieux car au vu de l'endroit, la ville craint un maximum. A la première heure le jeudi 12 mars, nous nous présentons au bureau de douane. Après remise du document de sortie et fait le tampon dans le passeport, nous nous rendons dans les bureaux de Barwil afin de récupérer les documents de passage, puis nous allons aux différents guichets qui se trouvent au portail d'entrée, pour la validation de sortie ainsi que le paiement de la taxe portuaire de 5 USD. Pour terminer, nous nous rendons au terminal avec le véhicule. Inspection anti-drogue et mesure du véhicule. Afin de gagner des m3, nous décidons d'enlever les pieds de la cellule. Ce qui nous prend tout de même 3h! Mais nous avons gagné plus de 3m3, ce qui est non négligeable. Voilà à partir de ce moment, on remet la clé de notre Dodgi à l'office. Nous avons bien évidemment vidé le contenu du cockpit, car il semblerait qu'il y ait de nombreux vols. C'est drôle à dire, mais nous avons un petit sentiment d'abandonner notre petit chez soi. Cela fait quand même 8 mois que nous voyageons avec et c'est la première fois que nous nous séparons de lui. Beaucoup d'appréhension quant à cette traversée. Normale car tout ce que nous possédons se trouve à l'intérieur. Mais voilà, nous ne pouvons l'accompagner, dommage...

Nous passons encore une nuit ici au vu de l'heure mais cette fois-ci dans l'hôtel. Celui-ci a dû connaître son heure de gloire il y a fort longtemps au vu du crépi qui s'effrite, des peintures défraîchies, du carrelage qui s'émiette et des fenêtres qui baillent. Le hall d'entrée reste impressionnant avec son énorme lustre et son escalier en marbre. Dans la soirée, nous apprenons qu'un règlement de compte a eu lieu l'après-midi même, ici, à Colon. L'individu s'est pris 3 balles dans la tête. Rien que ça! Inutile de dire que nous sommes ravis de quitter la ville dès le lendemain. Nous prenons un taxi et par chance ce dernier vient justement de Panama City. Quelques négociations plus tard, nous voici en route pour l'agence Barwil dans la capitale. En chemin, nous demandons à notre chauffeur de s'arrêter dans une ruelle afin que nous puissions faire quelques photos. Ce dernier est très inquiet pour notre sécurité car ici, ils tirent sur tout et rien nous dit-il. La pauvreté est omniprésente à Colon, cela en fait frémir. Ayant pu grappiller quelques m3, nous passons voir Evelyn pour récupérer quelques dollars. Ce qui est toujours ça de pris. Maintenant reste à trouver un endroit où se loger 2 jours et si possible avec cuisine. Pas évident car Panama City est une ville très chère! Nous essayons une auberge de jeunesse. Celle-ci est complète et les 4 places disponibles sont dans un dortoir occupé, au moment de notre visite, par un fêtard encore ivre, puant toutes les odeurs inimaginables! Non merci, sans façon. Nous continuons nos recherches et tombons sur le Château de Xello. Endroit charmant au cœur de la ville avec une piscine et un jardin où le calme règne. Incroyable de trouver cela au cœur de la cité. Nous négocions une fois de plus le prix pour une chambre et une cuisine. Comme les autres, nous partagerons la chambre à 4 afin de réduire les frais. Il nous faudra tout de même 1h pour convaincre la patronne. Nous profitons du temps qui nous ai donné pour nous reposer de tous ces tracas administratifs, lire un peu et se prélasser au bord de la piscine tels des vacanciers moyens! Dimanche 15 mars, nous prenons le vol de 20h30 pour la Colombie. Mélange d'impatience, de curiosité et d'anxiété, surtout lorsque l'on aperçoit la taille de notre avion... un mouchoir de poche! Les sièges sont par rangées de deux, sont en vieux cuir et ne s'inclinent pas. Mais de quand date t'il?! Chose extraordinaire et qui ne se produit et ne se produira jamais chez nous, il décolle avec 30 minutes d'avance! Nous tanguons de gauche et de droite, nous retenons notre souffle et ouf, nous sommes en l'air et stabilisons Dieu merci! L'aventure continue...à nous l'Amérique du Sud.

En résumé le Panama c'est...

Des gens d'une extrême gentillesse, accueillants à souhait et toujours souriants. Une Cordillère Centrale luxuriante avec la rencontre inattendue d'un paresseux. De longues plages du Pacifique bordées de palmiers nous ont plus que séduites. Une capitale en plein changement, des constructions aux quatre coins de la ville qui rend cette cité peu accueillante malgré qu'elle soit une plaque tournante économique. Son canal reste quant à lui à voir absolument. Ce pays est le dernier que nous faisons en Amérique Centrale et marque là, la fin de la deuxième Amérique. Plus nous nous dirigions vers le sud et plus la pauvreté est devenue flagrante à nos yeux, jusqu'à la retrouver au centre des capitales. Le vol, le banditisme, le racket et les meurtres sont le lot quotidien de ces pays d'Amérique Centrale. La prévention en est que plus accentuée par les passages des policiers où encore des militaires afin d'éradiquer ce fléau. Nous pouvons constater après le passage de nombreux tour-mondialistes que depuis quelques temps déjà, cela va en s'améliorant. Ces pays nous ont fait découvrir de fabuleux paysages, animaux et bien évidemment des gens passionnants, provoquant une remise en question sur les valeurs fondamentales de la vie.

Suite de notre périple : Colombie

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